Chantier N° 38 : Augmenter l’offre culturelle et artistique de qualité offerte aux Algériens notamment celle émanant de la société civile, et démocratiser son accès

 

Ce chantier entend favoriser l’accroissement de l’offre culturelle de qualité proposée aux Algériens et assurer une démocratisation effective de l’accès à l’art et à la culture pour tous les Algériens.

 

L’accroissement de l’offre culturelle de qualité ne pourra être effective que si la part de la production émanant de la société civile, des artistes et des associations s’accroit, ce qui suppose une liberté  dans le développement des activités culturelles et artistiques et un soutien réel de l’Etat a leur endroit.  La premier évolution majeure consiste donc a  revoir en profondeur le rôle de l’Etat dans la culture, pour devenir plus facilitateur que producteur.

 

La démocratisation de l’accès a l’art et a la culture suppose d’amener l’Art et la Culture au plus près des citoyens en éveillant leur intérêt, leur vocation et en rompant les cloisonnements sociaux et territoriaux. Cette évolution commence par le développement artistique des jeunes citoyens à travers le système éducatif national et se prolonge par la facilitation de l’accès à la culture en la multipliant et la décentralisant au niveau des quartiers, des villages et des villes du pays. Elle s’accompagne d’une décentralisation de l’action publique et d’une redéfinition des rapports entre les pouvoirs publics et les acteurs culturels.

 

Faire du système éducatif algérien  un lieu de développement des activités artistiques et culturelles :

  • L’enseignement des matières d’expression culturelle doit se généraliser au sein du système éducatif
    • Développer l’enseignement obligatoire des matières d’expression culturelle (techniques d’apprentissage aux arts plastiques, traditionnels ou modernes, technologies de webdesign, arts graphiques, audio-visuel, cinéma, musique, théâtre, danse) à l’école
    • Les établissements auront la liberté de choisir une partie des matières culturelles à dispenser en fonction des spécificités locales tout en prodiguant un socle d’enseignement commun.
  • Instaurer une option « Arts et Culture » au cours des dernières années d’enseignement pour consolider le niveau de culture générale des élèves algériens et:
    • A partir de la dernière année de collège et jusqu’au baccalauréat, les élèves de toutes les sections pourront suivre un enseignement optionnel sur la culture contemporaine algérienne, l’histoire de l’art, les carrières et les métiers de la culture
    • cet enseignement vise d’abord à donner la matière de base à tous les élèves pour approfondir leurs connaissances artistiques et culturelles
    • il vise également à faire naitre chez certains la vocation de s’orienter vers les nombreux métiers de l’art et de la culture, qu’ils soient enseignes via la formation professionnelle ou l’université
  • Faire découvrir le patrimoine culturel,  artistique et artisanal algérien dès l’école :
    • les établissements scolaires organiseront des visites et des excursions culturelles pour leurs élèves afin que chaque classe visite des musées, des sites archéologiques, des monuments historiques ou assiste à des représentations musicales et théâtrales.
    •  La culture régionale et les traditions locales doivent également être inscrites au programme de ces excursions, notamment par la découverte des métiers de l’artisanat et la rencontre des artistes locaux.
    • L’ensemble des établissements éducatifs (écoles, lycées, universités, centres d’enseignement professionnels) seront équipes d’un espace culturel géré par et pour les élèves qui s’y réuniront afin d’organiser la vie culturelle de leur établissement. Les élèves pourront constituer des associations ou des clubs de cinéma pour des projections vidéo, de théâtres, de lecture, de bande-dessinée etc… Des représentations théâtrales préparées par les différents lycées seront organisées dans les villes du pays et des prix seront attribués aux meilleures d’entre elles.
    • Les établissements pourront bénéficier de subventions publiques et de financements des parents ou des entreprises locales  pour l’acquisition des matériels nécessaires à l’organisation d’évènements culturels.

 

Accroitre l’offre d’espaces dédiés à la Culture et les rendre accessibles aux créateurs, aux acteurs culturels et aux citoyens :

  •  Transformer le patrimoine urbain inutilisé en espaces culturels accessibles à tous :
    • Transformer les anciens bâtiments des administrations publiques des grandes agglomérations, les ateliers désaffectés des chemins de fer, les anciennes usines situées en zone urbaine et les entrepôts portuaires des villes maritimes (par exemples les hangars désaffectés du port d’Alger situés sous la promenade du front de mer) en espaces publics dédiés aux activités artistiques et culturelles.
    • Donner ces espaces réaménages en concession à des entreprises ou à des associations qui se chargeront de les transformer en galeries d’art, en salles d’exposition ou de spectacles accessibles aux artistes et aux associations culturelles.
  • Valoriser les établissements scolaires  pendant les jours fériés, les week-ends et les vacances scolaires afin de les transformer en lieux de rencontre pour des activités culturelles et artistiques de quartiers :
    • L’utilisation des établissements scolaires en dehors de leurs horaires de fonctionnement permettra aux citoyens et aux associations de quartier de disposer d’espaces de rencontre pour des projections vidéo, des ateliers de dessins, de musique, de théâtre…
    • Les établissements scolaires se coordonneront avec les associations pour organiser le planning des réservations de salles, la sécurité des installations et des personnes.
  • Les places publiques des quartiers et des petites villes pourront être consacrées à des projections de films, à des représentations de théâtres, à des expositions de sculpture, d’artisanat ou de photos etc…
  • Imposer un nombre minimal d’infrastructures artistiques et culturels dans tous les projets immobiliers commerciaux
    • Galeries d’art dans les zones d’affaires
    • Cinémas et galeries d’exposition dans les hôtels
    • Cinémas, salles de spectacle et d’exposition dans les grands centres commerciaux

  

Refondre les rapports entre la puissance publique et la société civile dans le domaine culturel et assurer une programmation commune sur tout le territoire national:

  •  Le rôle de l’Etat dans le domaine culturel doit progressivement évoluer a l’horizon 2020:
    • Sa place de producteur ou d’organisateur de grands évènements doit se réduire tandis que son rôle facilitateur d’évènements et manifestations émanant de la société civile doit augmenter
    • Arrêter les investissements dans de nouveaux équipements culturels aux taux d’utilisation très faibles et mettre en place les mécanismes pour rentabiliser les infrastructures existantes en dynamisant l’offre culturelle de l’infrastructure déjà existante
    • Consacrer l’essentiel des investissements à valoriser les richesses culturelles et le potentiel d’activités culturelles locales

 

  • Mettre en place des instances de gouvernance partagée entre les pouvoirs publics et la société civile  et une véritable programmation commune sur l’ensemble du territoire
    • Création de Conseils  de la Culture au niveau national et wilayal où siègent des représentants de l’Etat, des collectivités territoriales et/ou des villes et les associations culturelles  et d’artistes  pour piloter  la vie culturelle sur le territoire
    • Mettre en place des contrats de plan entre l’Etat, les collectivités territoriales et les associations a un niveau national et wilayal pour définir ensemble une programmation culturelle sur plusieurs années :
      • Les programmes culturels seront définis au niveau national et par wilayas, avec une déclinaison jusqu’aux APC voire jusqu’aux quartiers, dans toutes les disciplines (musique, littérature, théâtre, ateliers photos, peinture …) et pour tous les publics afin d’assurer une véritable décentralisation de l’activité culturelle
      • Assurer une place à part entière aux initiatives locales, non seulement  celles émanant des autorités locales mais aussi celle proposées par le secteur culturel issu de la société civile ou du secteur privé.
      • Les APC devront proposer une programmation artistique à leurs administrés (liste des grands types d’évènements dans le budget annuel avec actualisation et précision progressives en cours d’année) afin de rendre leur territoire plus attractif en matière d’offre et de divertissement culturel ; cette programmation culturelle sera rendue publique par affichage et sur leur site internet.
      • Le budget du ministère de la culture sera alloue aux différentes wilayas en fonction de leur programmes. La wilaya sera l’instance majeure de supervision des programmes et de l’exécution budgétaire pour assurer un certain équilibre géographique et une prise en compte des spécificités culturelles locales

 

    • Les espaces publics culturels existants (y compris les bibliothèques, médiathèques, maisons de jeunes) seront mis à la disposition des citoyens, des artistes indépendants et des associations pour la réalisation de ces contrats de plan:
      • Les espaces culturels publics seront gracieusement mis à la disposition des associations culturelles, troupes et artistes indépendants participant aux contrats de plan et seront dotées d’une programmation annuelle cohérente
      • Un service de la collectivité locale se chargera également de mettre les créneaux restants à disposition d’autres associations culturelles et d’autres artistes pour les programmes plus ponctuels non incorpores dans les contrats de plan via un système de réservation transparent.

 

    • Le financement des contrats de plan combinera diverses sources et sera soumis a un contrôle rigoureux :
      • Le budget de l’Etat, notamment lors des premières années qui pourra être octroyé par type de manifestation (expositions, concerts) ou par type d’arts (théâtre, musique, peinture, bande dessinée) ; la part de financement central doit progressivement diminuer à mesure que la fiscalité locale se développe et que les activités culturelles deviennent plus rentables ;
      • Le produit des impôts locaux auprès des particuliers et des entreprises dont ils valorisent le territoire
      • Des financements privés s’ajouteront aux fonds publics pour les activités les plus rentables bien que les retours sur investissements dans le domaine culturel soient maintenus à un niveau raisonnable car la culture n’a pas vocation à être une activité lucrative
      • Les recettes des évènements culturels :
        • les tarifs des évènements culturels seront maintenus à un niveau raisonnable pour favoriser un accès généralise a la culture,
        • une certaine différenciation tarifaire pour que la contribution soit modulée en fonction des moyens (tarifs jeunes, tarifs étudiants, tarifs famille, différenciation en fonction de la proximité avec la représentation)  pour parvenir au moins  a la couverture des couts

 

  • La réalisation de ces contrats de plan et la mesure de leur efficacité feront l’objet d’une évaluation et d’un contrôle a plusieurs niveaux afin de fonder une culture de résultats et une évaluation systématique de la qualité et de l’impact de l’action des institutions publiques culturelles:
    • Chaque autorité locale devra publier ses taux d’utilisation des espaces publics et le taux de réalisation de son contrat de plan
    • Les missions de service public culturel (permettre à l’ensemble des citoyens d’accéder dans les mêmes conditions au socle culturel national et universel, d’acquérir un bagage humaniste et de profiter d’une vie et animation culturelle véritable) doivent être transcrites en objectifs mesurables
    • Les indicateurs de performance seront rendus publics et l’efficacité des politiques publiques régulièrement évaluée a un niveau local, wilayal et national par les assemblées élues et le Parlement  et leur démembrements financiers
    • Des organisations indépendantes de la société civile effectueront également un suivi, une évaluation et un contrôle rigoureux des politiques culturelles afin de faire des bilans réguliers et de proposer les correctifs qui permettront d’améliorer l’action publique.

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