Chantier N° 22 : Valoriser la réussite scolaire et réduire l’impact des inégalités sociales sur la réussite scolaire

Ce chantier s’attèle aux inégalités sociales, à la source de disparités importantes en termes d’accès à l’éducation et en termes de réussite scolaire (entre régions, wilayas, établissements, catégories sociales, sexe, etc.). Nous proposons une innovation majeure pour atteindre l’objectif assigné à l’éducation de donner à chacun une chance d’acquérir le capital humain qui lui permettra de mener une vie meilleure : valoriser la réussite scolaire en créant des incitations au niveau des élèves (aides directes, bourses au mérite, voyages d’études, « erasmus  local» etc.), et notamment ceux des milieux les plus défavorisés. Les politiques a mettre en œuvre consistent a concentrer les moyens budgétaires sur les foyers les ménages pauvres, valoriser la réussite scolaire, créer des incitations auprès des élèves et de tous les acteurs intervenant dans leur éducation.

  • Accorder des aides directes sur critères sociaux combinés à la réussite scolaire :
    • Accorder une bourse sur critères sociaux pour les élèves défavorisés (cf. incitations matérielles dans les zones rurales déshéritées -Nabni 2012-) notamment sous condition d’assiduité  scolaire
      1. Cette bourse doit couvrir les frais de matériel scolaire pour les ménages ayant un revenu en dessous d’un seuil à définir ;
      2. Cibler davantage les ménages les plus pauvres[1] en différentiant l’aide octroyée
  • Dans le cadre de l’octroi de ces bourses, davantage impliquer les parents :
    • Sensibiliser les parents pour une plus grande implication de leur part : information/formation sur le système scolaire, les aides disponibles, les difficultés des enfants, leur rôle dans le suivi de leurs enfants etc.
    • Permettre aux parents, notamment dans les zones rurales et zones défavorisées, de noter les enseignants (absentéisme etc.), avec des résultats rendus publics et entrant dans les critères d’évaluation des wilayas, des établissements et des enseignants ;
    • Coupler les efforts en direction des zones/familles défavorisées avec le plan national de lutte contre l’analphabétisme des adultes afin de rapprocher les parents de l’école tout en les aidant à acquérir des bases d’écriture et de lecture

Créer un compte « capital réussite » pour les enfants des ménages ayant un revenu inférieur à 2 fois le salaire minimum (en se basant sur le ciblage, le niveau seuil de revenu devra être défini plus précisément) :

  • Conditionner une partie de l’aide accordée aux familles défavorisées, à la poursuite des études jusqu’à leur terme obligatoire. Accorder une aide plus importante pour ceux qui font l’effort de décrocher un diplôme avant leur sortie du système scolaire.
  • Créer un compte bancaire (ou postal)  pour les élèves dès leur entrée dans le système scolaire. Chaque année où l’élève passe au palier supérieur, ce compte « capital réussite » est abondé.
  • Conditions « d’octroi » du capital accumulé :
    • Si l’élève sort du système éducatif avant la fin de la période obligatoire sans aucun diplôme (de l’enseignement général ou de l’enseignement professionnel), il ne reçoit rien.
    • Plus l’élève reste dans le système éducatif, plus son compte est abondé (montant annuel croissant). Au moment où il obtient son diplôme et sort du système éducatif, soit il reçoit 40% du capital  et ses parents 60%, soit le capital permet d’avoir accès à un crédit à taux préférentiel pour financer une partie des études supérieures (à l’université université, en formation professionnelle etc.)
    • Pour les meilleurs élèves, ce capital viendra s’ajouter à une bourse d’étude pour étudier à l’étranger.
  • Valoriser la réussite scolaire :
    • Accorder une « bourse non monétaire » au mérite pour les élèves issus de milieux défavorisés
    • Etablir un critère de réussite scolaire et accorder une bourse sous forme d’un montant financier et/ou de récompenses matérielles: ordinateur/tablette/ouvrages éducatifs/abonnement internet à la maison/ semaines de vacances/ séjours linguistiques, etc.
    • Créer une émulation au niveau national : sélectionner, chaque année, dans chaque wilaya, 10 élèves en dernière année d’école primaire, 10 élèves en dernière année de collège selon des critères de réussite scolaire
    • Créer des incitations au niveau de l’établissement pour une prise en charge des élèves en difficulté 
    • Accorder un budget supplémentaire pour les établissements ruraux à dépenser comme ils le souhaitent (en partenariat entre l’école et le village) en fonction de l’amélioration des taux réussite scolaire (notamment pour les garçons issus de milieux défavorisés etc.)
  • Commencer la généralisation du pré- scolaire par  les milieux défavorisés (campagnes, quartiers populaires etc.), en lui donnant le mandat explicite de développement des facultés des élèves, ainsi que l’acquisition d’un corpus culturel
  • Développer/subventionner des centres aérés, centres de vacances en zones défavorisées :
    • De demander aux municipalités de les financer en partenariat avec des associations, organismes et entreprises privés. Proposer des tarifs croissants avec les revenus ;
    • Favoriser la mixité sociale et les échanges inter-wilayas (Créer des villages de vacance communs à plusieurs wilayas par exemple) ;
    • Former le personnel d’encadrement et permettre à des lycéens en fin de parcours et des étudiants d’avoir un revenu et une activité extrascolaire (prérequis : formation de secouriste et notion de pédopsychiatrie).
  • Mieux prendre en charge les handicapés :
    • Dans des établissements non spécialisés pour les handicaps légers pour favoriser leur intégration et l’acceptation des différences;
    • Dans des établissements spécialisés, à créer/renforcer, qui disposeront de  moyens  renforcés lorsque le handicap nécessite des expertises particulières. à
  • Accentuer l’effort dans la lutte contre l’analphabétisme et l’illettrisme au sein de l’ensemble de la population en ciblant certaines populations :
    • Accentuer l’effort sur les jeunes sortis du système scolaire et sur les populations des zones défavorisées ;
    • Assurer une coordination avec la politique de l’emploi dans le cadre de la réinsertion professionnelle des exclus du marché du travail.

Assurer une allocation budgétaire tenant compte des inégalités sociales et de performance

En complément aux propositions ci-dessus, il est nécessaire de revoir les critères d’allocation de ressources budgétaires destinées à l’éducation. L’Algérie a considérablement accru le budget alloué à l’éducation, mais on constate des disparités importantes entre régions, catégories sociales et sexe à la fois en termes de réussite scolaire et d’accès à l’éducation. En parallèle, on observe des disparités de moyens entre zones géographiques, entre établissements, entre matières d’enseignement etc. Une innovation majeure à introduire consiste à aligner les dépenses (par wilayas, établissements, paliers d’enseignement, etc.) avec les indicateurs de qualité et de performance.

  • Rationalisation de l’organisation du système éducatif, notamment pour faire en sorte qu’une plus large fraction des dépenses soit effectivement consacrée aux postes contribuant directement à la qualité de l’éducation (cibler les dépenses sociales, réduire les effectifs du personnel n’entrant pas directement dans l’input de l’enseignement) ;
  • A partir de l’évaluation nationale de la qualité et de la performance du système éducatif, réaliser une cartographie des dépenses d’éducation (ensemble des dépenses) eu égard à la qualité et la performance réalisées :
    • Construire des indicateurs de performances de la dépense publique : rapporter des indicateurs de qualité/performance à la dépense réalisée
    • Fixer des priorités budgétaires en fonction de l’état des lieux du système éducatif tel qu’il ressort des tests de performance;
    • Introduire des critères de performance dans l’affectation des budgets.
    • Identifier les postes budgétaires « sensibles » : ceux ayant le plus d’impact sur la qualité de l’éducation (sur les indicateurs)
    • Définir des indicateurs de dispersion des dépenses budgétaires selon les zones géographiques, les établissements, les paliers d’enseignement etc. (Identifier les inégalités de moyens dans les postes « sensibles »)
    • Dresser une cartographie des dépenses pour les zones (au sens large, c’est à dire zones géographiques, établissements etc.) ayant les performances les plus faibles
      1. Affecter les ressources de manière à réduire les inégalités régionales, entre wilayas, entre établissements ;
  • Définir un ratio cible de dépenses par élève et dépenses par diplômé à horizon 2020 et des standards de qualité et de performance associés :
    • Mesurer les écarts à la cible au niveau le plus fin, en séparant les dépenses de l’administration centrale de celles entrant directement en input au niveau local (établissements)
    • Evaluer les efforts budgétaires pour réorganiser le système éducatif  afin d’atteindre ces objectifs : se fixer des objectifs intermédiaires et mesurer les performances atteintes systématiquement
  • Identifier les « zones prioritaires » en matière d’efforts budgétaires :
    • En fonction des « besoins des écoles » : recenser les établissements dans les zones les plus défavorisées afin de mieux les cibler en termes de moyens et de types de dépenses. Exemples :
      1. allouer un budget, pour établissement dans une zone défavorisée, dans le cadre d’une plus grande autonomie des établissements scolaires, afin de recruter des enseignants qui assureront un soutien scolaire (cf. chantier sur la décentralisation)
      2. agir plus directement sur les déterminants de l’échec scolaire, de la capacité d’apprentissage des élèves etc.
        • personnels encadrants : enseignants, aides scolaires, conseillers d’orientation, etc.
        • disponibilité du matériel scolaire et pédagogique
        • enveloppes pour les incitations financières et non financières pour les enseignants et les élèves.
  • identifier précisément la population des établissements le premier décile des performances et leur consacrer des moyens à l’aide d’une évaluation systématique semestrielle de leurs performances
  • Dégager des enveloppes budgétaires pour lutter de manière plus ciblée contre l’échec scolaire des garçons, beaucoup plus élevé que celui des filles, a tous les paliers d’enseignement et dans toutes les disciplines :
    • Des programmes spécifiques seront conçus avec des indicateurs de performance pour réduire le décrochage scolaire des garçons qui pose un grave problème de déséquilibre a terme pour la société ;
    • Ces programmes pourront s’inspirer des programmes similaires poursuivis dans les pays les plus avances dans ce domaine (pays scandinaves, Canada) ou les organismes internationaux qui se sont penchés sur ces questions (Unesco, OCDE)

[1] Nous supposons ici que dans le cadre du thème sur la protection sociale, un ciblage des ménages les plus pauvres sera mis en œuvre afin de ne plus subventionner de la même façon tous les ménages et de concentrer davantage de moyens sur les plus nécessiteux