L’iceberg est droit devant ! … un virage urgent s’impose.

Aujourd’hui, la chute du prix du baril ne rend que plus visible l’iceberg ou les sérieuses difficultés auxquelles le pays sera confronté. Nous faisons face, comme en 1985, à un nouveau choc pétrolier et les indicateurs économiques suffisent à prendre la mesure de l’urgence de la situation.

Le statu quo n’est pas soutenable : le Fonds de Régulation des Recettes s’épuisera autour de 2017, de même que les réserves de change -qui fondraient à $9 milliards dans quatre ans si le baril chutait à $50. Le solde de la balance des paiements est devenu négatif en 2014. Les tentatives de diversification ont échoué. La compétitivité et le climat des affaires ne cessent de se dégrader. Les investissements directs étrangers sont en baisse. Peut-être qu’au cours de la décennie 2020 nous n’aurons plus de gaz à exporter. Mais la réaction des pouvoirs publics face à la crise n’augure pas d’une prise de conscience de la gravité de la situation.

Changer de voie : quels objectifs ?

Il ne s’agit pas d’agir dans la précipitation pour remédier aux symptômes de cette baisse durable de nos recettes d’exportation. Il ne s’agit pas non plus d’entamer un plan d’austérité et de freiner les investissements et les projets de développement de notre économie. Le problème est plus profond et n’est pas conjoncturel. Conformément aux propositions du rapport NABNI 2020 (cf. www.nabni.org), il s’agit au contraire de commencer à mettre en place les premiers jalons d’un changement de voie durable. 

Il faudra obtenir des résultats tangibles au bout de trois ans. Nous proposons un plan qui vise à contribuer aux objectifs suivants :

1) amorcer la diversification économique—impulser la diversification économique par l’investissement productif et accroître la création d’emplois et la croissance des revenus ;

2) rétablir la soutenabilité budgétaire et financière de notre économie—développer de nouvelles sources de recettes pour l’Etat, réduire les dépenses à un niveau soutenable—par exemple, en ramenant le prix d’équilibre du budget de l’Etat à 65-70 dollars d’ici 2018 ; et rééquilibrer notre commerce extérieur ;

3) améliorer sensiblement l’efficacité des politiques publiques et la gouvernance—amorcer des changements dans la gouvernance publique qui permettent d’avoir un impact dans tous les domaines des politiques publiques.

 Bien qu’essentiellement économique, la finalité du Plan d’Urgence est d’engager le virage qui nous permettra d’atteindre nos objectifs de justice sociale et d’emploi. De permettre de financer le développement social, de maintenir notre idéal de justice sociale et de juste redistribution des richesses. D’autres secteurs, tels la santé, l’éducation et le logement mériteront néanmoins un plan d’urgence dédié.

Une approche différente du changement : COMMENCER, même petit.

 La tâche du changement est immense. L’important est de commencerMontrer que le changement est possible. Faire ce que l’on n’a pas fait depuis quinze ans. Commencer. Commencer petit s’il le faut, mais commencer, notamment les réformes difficiles.

أبدأ : commencer, impulser et générer des ruptures fécondes.

L’objet est d’impulser un nombre limité de ruptures profondes à même de déclencher une dynamique positive. En plus de l’impact attendu sur les objectifs fixés nous proposons que l’amorce de ces ruptures se fasse selon quatre lignes directrices—chacune représentant une rupture avec le statu quo :

Arrêter les politiques inefficaces et coûteuses

Il s’agit d’inverser les décisions qui ont clairement échoué, qui ont montré leur inefficacité ou qui sont trop coûteuses ou injustes et mènent au gaspillage. « Arrêter les dégâts » en permettant d’initialiser immédiatement des changements d’approche conséquents qui freinent la détérioration de la situation. Faire ce que l’Etat fait si rarement : admettre que certains choix étaient mauvais et les inverser.

Bâtir les fondations d’une action publique transformée

Il s’agit d’identifier des mesures fondamentales de réforme de l’Etat et de la gouvernance, qui jettent les bases d’un Etat moderne, d’un Etat de DROITS (Détaché de la rente, Redevable, Ouvert, Inclusif, Transparent et Stratège). Il s’agit d’identifier quelles mesures structurelles peuvent être mises en œuvre en trois ans. Réaliser un bond qualitatif dans la gouvernance publique comme nous n’en avons pas vécu depuis plus d’un quart de siècle.

Démarrer les réformes les plus difficiles

Il s’agit d’engager sans attendre, même à petites doses et de façon progressive, les réformes les plus difficiles que nous savons inévitables. Profiter de l’opportunité que nous avons encore d’étaler dans le temps ces réformes afin d’en limiter le coût social et de mettre en place les mécanismes compensatoires pour les citoyens les plus affectés afin de réduire efficacement la pauvreté. Même de manière graduelle, le but est de commencer ces réformes jamais entamées. Engager des réformes qui peuvent être impopulaires mais qui sont inévitables. Ignorées et évitées depuis trop longtemps : il est temps d’y aller !

Accélérer les chantiers en suspens

Il s’agit de donner un coup d’accélérateur aux réformes qui sont restées trop longtemps en suspens. Des « bons en avant » pour engager le changement, mobiliser l’administration, aboutir à des résultats sur trois ans et donner de la crédibilité au processus. Choisir trois chantiers de réformes prioritaires—pas plus—et concentrer les efforts et le capital politique et administratif pour réaliser un bond qualitatif majeur, tangible et visible. Avancer sur ce qui a trop longtemps été bloqué.

Douze chantiers en trois ans : l’Etat n’a pas la capacité de faire plus.

Inutile de concevoir des méga-plans d’actions : la capacité de mise en œuvre des réformes est faible. L’exigence de réalisme nous impose de voir la réalité en face : notre Etat et ses institutions sont affaiblis. La capacité de réforme est très limitée. Nous ne pouvons pas compter sur une mue instantanée de notre Administration qui lui permettrait de mettre en œuvre un plan d’actions global et multisectoriel complexe.

Arrêter les politiques inefficaces et coûteuses :

1) Décaler la programmation de certains grands projets d’infrastructure et geler la croissance réelle des dépenses de fonctionnement jusqu’en 2018.

2) Mettre fin à trois entraves majeures à l’investissement productif.

3) Interrompre les subventions indues, les niches fiscales et autres transferts inefficaces aux entreprises privées et publiques.

Bâtir les fondations d’une action publique transformée :

4) Engager un bond de transparence et d’accès à l’information publique.

5) Mener une profonde réforme de la gouvernance des actifs de l’Etat et son patrimoine.

6) Créer une Ecole de Gouvernance Publique de rang mondial afin d’amorcer un bond de modernisation de la haute Administration.

Démarrer les réformes les plus difficiles :

7) Amorcer la refonte du système de redistribution sociale en lançant un programme de transferts monétaires directs ciblé vers les plus démunis.

8) Entamer une augmentation progressive et différenciée des prix des biens et services subventionnés.

9) Introduire un nouvel impôt foncier pour financer les collectivités locales, couplé à la suppression de la TAP.

Accélérer les chantiers en suspens :

10) Opérer la réforme bancaire.

11) Réaliser un choc de simplification administrative pour les entreprises.

12) Transformer le cadre du commerce extérieur : douanes et politique commerciale.

Enfin, pour réussir la mise en œuvre d’un tel Plan d’Urgence, nous proposons la mise en place d’une « Delivery unit », unité spécialisée en charge de la conduite des réformes clés rattachée au Président ou au Premier ministre afin d’assurer une coordination interministérielle efficace, une exécution et un suivi régulier des réformes et un appui aux ministères concernés pour identifier les blocages et les soumettre à l’arbitrage des plus hautes autorités.    

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