Bilan et situation en 2012

1. Le bilan | 2. Où se situe l’Algérie au plan international ? | 3. Conclusion | 4. Synthèse : Bilan à 2012


Il s’agit de proposer en introduction un survol de 50 ans de politique d’éducation en Algérie.

La première phase (1962-1976) : organisation de l’enseignement dans le prolongement de l’enseignement français pré-indépendance

  • Formation des enseignants inspirée par le modèle français ou en France:
  • Enseignement de la plupart des matières (notamment les matières scientifiques) en français de l’école primaire à l’université
  • Organisation des enseignements héritée du modèle français
  • Besoins en enseignants comblés par la coopération internationale ?

La seconde phase (1976-2000) : mise en place d’un enseignement algérien dont les objectifs sont énoncés dans la Charte de 1976 et complétés par la constitution de 1996 dans son article 53

  • Nationalisation de l’éducation avec l’adoption de l’arabe comme langue d’enseignement en mettant l’accent sur la religion et l’histoire
    • le remplacement des enseignants étrangers par des enseignants nationaux et des étrangers arabophones avec notamment un recrutement massif de nouveaux enseignants par la mise en place de filières courtes pour la formation d’enseignants n’ayant pas achevé leur parcours au lycée
    • l’objectif est de former un citoyen en mettant l’accent sur la langue arabe pour l’enseignement, la religion et l’histoire.
  • Démocratisation de l’éducation
    • enseignement fondamental obligatoire (jusqu’à la fin du collège)
    • gratuité de l’enseignement
    • recrutement massif d’enseignants pour les écoles fondamentales
  • Réorganisation des enseignements
    • création de l’enseignement fondamental en remplacement des cycles du primaire et du collège avec une uniformisation des programmes d’enseignement
    • réorganisation des filières universitaires
  • Instauration du monopole de l’Etat sur la fourniture des services éducatifs et la proscription de l’enseignement privé étant donné que l’Etat est le seul habilité à organiser le système d’enseignement
    • l’enseignement public est généralisé à tous les paliers
    • quelques écoles privées voient le jour à partir de la fin des années 80 mais elles n’ont pas de statut officiel
    • une timide tentative de privatisation se fait au sein de l’enseignement professionnel, qui concerne surtout les grandes villes et les formations les plus lucratives, plutôt de nature universitaire (écoles de commerce, instituts de langue, instituts d’informatique)
  • Centralisation maintenue de l’organisation administrative et pédagogique

La troisième phase (2000-2011) : tentative d’amélioration des résultats du système éducatif, sans grandes ruptures, à travers le décret exécutif du 29 août 2004 et la loi du 23 février 2008

  • Certains principes demeurent inchangés :
    • l’enseignement à l’école se fait entièrement en langue arabe, y compris pour les enseignements scientifiques, malgré les propositions de la Commission de réforme de l’éducation
    • la scolarité obligatoire jusqu’à la fin du collège ;
    • la gratuite de l’éducation
  • Retour à des normes universelles pour l’organisation des enseignements
    • Retour aux trois paliers pour l’éducation nationale (écoles primaires – collèges – lycées) en remplacement de l’école fondamentale et du lycée ;
  • Réorganisation des architectures de formation des universités selon le dispositif européen du LMD (Licence/Master/Doctorat) pour favoriser les équivalences de diplômes (grâce aux unités d’enseignements semestrielles) et assurer une meilleure lisibilité des diplômes algériens. L’enseignement privé est autorisé dans les textes) mais ceux-ci ne sont pas appliqués
    • Difficultés et obstacles rencontrés par les écoles privées qui ne sont pas intégrées dans le système
    • Enseignements supérieurs privés non agréés mais qui continuent à se développer par un moyen détourné (via l’enseignement professionnel)
  • La centralisation de l’organisation administrative et pédagogique demeure la norme avec une amorce de décentralisation pédagogique pour les universités
    • centralisation totale pour l’éducation nationale et l’enseignement professionnel
    • centralisation de l’organisation administrative pour les universités et début de décentralisation pédagogique pour les universités via les CPN au niveau local

2- Où se situe l’Algérie au plan international ?

Un effort colossal a été consenti en matière de généralisation de l’accès à l’éducation…

L’Algérie a réussi en un temps limité à généraliser l’accès à l’éducation. Le taux d’accès au primaire est passé de moins de 85% à la fin des années 1980 à plus de 97% en 2011.
Dans le primaire, le Taux Brut de Scolarisation (TBS) est de 110,38%, légèrement supérieur à la moyenne des pays à revenu comparable (108%). Le taux brut élevé indique qu’une forte proportion d’élèves est plus âgée que la normale à ce niveau. Dans les pays à haut revenu ces taux sont de 103,4%.

Au niveau de l’enseignement supérieur, le taux de scolarisation brut en l’Algérie est inférieur à ceux de la Tunisie (33%) qui a un revenu par habitant comparable et à celui de l’Égypte (30%), dont le revenu par habitant est plus faible. L’Algérie est largement distancée par les pays de l’échantillon ayant un revenu par habitant entre 5000 et 10000 dollars (un TBS moyen de 41%).

Le taux d’alphabétisation des adultes, en 2006 s’élevait à 72,65%, supérieur à celui de Maroc et de l’Egypte, mais nettement inférieur à ceux du Vietnam et de l’Indonésie, qui ont un PIB par tête bien inférieur à celui de l’Algérie. Ce taux d’alphabétisation est nettement inférieur à la moyenne des pays ayant un revenu par tête entre 10000 et 20000 dollars, qui s’élevait à près de 94%.
Le taux d’alphabétisation des jeunes (15 – 24 ans) est plus élevé, atteignant 91,78%, mais à part l’Egypte (84,88%), et le Maroc (79,47%), il est plus faible que celui de l’ensemble des autres pays du benchmark. C’est dans la population des plus de 65 ans que l’Algérie enregistre les performances les plus faibles. Le taux d’alphabétisation de cette population s’élevait à 15,73%, à comparer à 64,40% au Vietnam, 57,92% en Indonésie, 26,78% en Egypte et 20,83% en Tunisie.

… un effort budgétaire important, même si l’effort peut encore être accru…

Les dépenses nominales consacrées à l’éducation ont quasiment doublé entre 2000 et 2006, passant de 224 milliards de dinars à 439 milliards. Leur croissance est d’un peu moins de 40% en termes réels. En pourcentage du PIB, avec une moyenne de 4,34% sur la période 2007 – 2009, l’Algérie est en dessous de la moyenne des pays du benchmark dont le revenu par tête est inférieur à 10000 dollars (4,73%), et des pays à haut revenu (5%). De façon structurelle, avec un accès à l’éducation qui s’est accru, les dépenses de l’enseignement supérieur se sont considérablement accrues. La part du budget de l’enseignement supérieur dans le PIB est passée de 1,2% en 2000 à 2,6% en 2010. Ce ratio est l’un des plus élevé du benchmark.


GRAPH A INTEGRER

… mais au détriment de la qualité et de l’efficacité

Le taux d’achèvement du primaire est élevé, mais le taux d’abandon dans le premier cycle du secondaire demeure très important…

Le taux d’achèvement du primaire est passé d’une moyenne de 89,21% durant la période 2000-2004 à une moyenne de 94,99% durant la période 2005-2009. Comparée aux pays du benchmark à revenu équivalent, seul le Maroc, avec un taux de 82,10% sur la période 2005-2009, enregistre de moins bonnes performances que l’Algérie. Le taux d’achèvement moyen dans les pays ayant un revenu par tête entre 10000 et 20000 dollars est de 99,1%. Pour les pays à revenu élevé, il s’élevait à 99,24%.

Le taux d’achèvement s’est considérablement amélioré, mais des efforts restent donc à consentir dans ce domaine.

Qui plus est, si l’on examine le taux d’achèvement du premier cycle du secondaire , ce dernier s’élevait à 89,8% sur la période 2006-2009, supérieur à ceux du Maroc et de l’Indonésie, mais très inférieur à celui de la Tunisie 99,7%, et du Viet Nam 92,13% (pays à revenu nettement plus faible que celui de l’Algérie). Cela témoigne d’un taux d’abandon élevé à ce niveau de cycle.

… tout comme les taux de redoublement

Sur la période 2006 – 2009, le taux de redoublement dans le primaire, toute année confondue, s’élevait à 11,29%, deuxième taux le plus élevé du benchmark (11,94% pour Maroc). Les pays à revenu équivalent ou moindre ont des taux inférieurs à 7%.

Le même constat peut être fait dans le secondaire (collège et lycée), avec un taux de redoublement de 16% environ. Ce taux est assez comparable à celui du Maroc (15,35%) et de la Tunisie (16,87%). Les pays à revenu par tête entre 10000 et 20000 dollars ont un taux moyen de 2% et 3,2%pour ceux disposant d’un revenu supérieur à 20000 dollars. Enfin, le taux de redoublement à la 7ème année du secondaire s’élève 37,5% sur la période, avec un taux de 25% environ en Tunisie. Ce taux est à contraster avec ceux des pays à revenu élevé, qui ne dépassent pas 10%.

Si l’on observe les taux de redoublement par palier, on constate qu’ils sont plus élevés en début de chaque palier, témoignant certainement d’une difficulté d’adaptation des élèves lorsqu’ils changent de palier (entre le primaire et le moyen, le moyen et le secondaire).

 

 

 

 

 

Un système éducatif qui ne corrige pas les inégalités sociales et engendre de fortes disparités régionales

Les inégalités sont de différentes natures. Il y a tout d’abord des inégalités régionales très fortes qui témoignent d’un effort mal réparti sur l’ensemble du territoire. Les disparités régionales sur le plan des taux de réussite au primaire et au premier cycle du secondaire sont assez prononcées. Les performances des wilayas sont plus disparates au primaire (de 50% à 75 % de taux de réussite) qu’au premier cycle du secondaire (de 37% à 50 % de taux de réussite). Pour le baccalauréat, en 2009, les taux de réussite allaient de 18,94% à Laghouat à 58,99% à Tizi-Ouzou. En 2006, le taux de succès à l’examen du BEM s’élevait à 77,11% à Souk-Ahras et à seulement 28,63% à Tamanrasset.

On observe par ailleurs des disparités très fortes entre le milieu rural et le milieu urbain : le taux atteint 70,3% en milieu urbain et 54,4% en milieu rural.

Alors que les dépenses sociales occupent une large fraction du budget consacré à l’éducation, les inégalités sociales pèsent lourdement sur la scolarité des enfants des familles les plus défavorisées. Seulement 44,1% des enfants des familles les plus démunies ont accès au cycle secondaire, contre 82,3% pour les ménages les plus aisés.

La proportion des individus sans niveau d’instruction parmi les 20% de ménages les plus pauvres s’élève à 38,3%, contre 11,6% auprès des ménages plus aisés. Enfin, seulement 9,2% des individus des ménages les plus pauvres ont un niveau d’éducation secondaire ou universitaire, alors que ce taux atteint 42% pour les ménages les plus aisés.

Selon une étude de la Banque mondiale datant de 2007, les disparités régionales au plan des taux de réussite au primaire et au premier cycle du secondaire sont assez prononcées.

Les performances des wilayas sont plus disparates au primaire (50 à 75 % de taux de réussite) qu’au premier cycle du secondaire (37 à 50 % de taux de réussite). Les taux de réussite au baccalauréat sont très disparates d’une wilaya à une autre également, ainsi en 2009, les taux de réussite allaient de 18,94% à Laghouat à 58,99% à Tizi-Ouzou. Pour l’examen du BEM, en 2006, le taux de succès à l’examen s’élevait à 77,11% à Souk-Ahras et à seulement 28,63% à Tamanrasset. Le taux de scolarisation des filles varie considérablement allant de 33% au minimum au secondaire dans certaines wilayas jusque 65% dans d’autres.

Les performances des élèves demeurent faibles

Il existe peu de données sur la performance des élèves en Algérie. La culture d’évaluation est très peu répandue et le pays ne s’est que rarement soumis à des évaluations internationales .
Nous disposons toutefois de résultats à quelques tests internationaux qui témoignent d’une très faible qualité du système éducatif.

En 2002-2003, des élèves algériens de 8ème année ont participé à des tests de mathématiques et de sciences dans le cadre du MLA (Monitoring of Learning Achievement). Les tests MLA sont basés sur des programmes d’études nationaux et ne permettent pas comme d’autres tests internationaux (TIMSS par exemple) de comparer des pays entre eux. Le MLA permet surtout de mesurer le niveau des élèves d’un pays eu égard à ses propres programmes. Les élèves ont obtenu une note moyenne de 38,2% en mathématiques et de 52% en sciences.

Les résultats de l’Algérie au TIMSS en 2007 nous permettent de comparer les performances du système éducatif algérien avec ceux d’autres pays.
En sciences, les élèves de 4ème année ont obtenu des résultats très médiocres (tout comme les élèves marocains et tunisiens). Seuls 2% des élèves atteignent le niveau II, alors que dans les pays de l’OCDE, on atteint 68% pour Singapour ou 44% pour l’Italie. Seulement 33% des élèves atteignent le niveau IV alors qu’on atteint des taux dépassant 90% pour les pays de l’OCDE.
En mathématiques, les élèves algériens de 4ème année ont atteint les niveaux III et IV en plus grand nombre comparés aux autres pays arabes tel qu’en témoignent les pourcentages suivants : Algérie 14% et 41% (respectivement par niveau III et IV) Maroc (9% et 26%), Tunisie (9% et 28%) et Qatar (2% et 13%). Cependant ils restent bien moins performants que les élèves des pays de l’OCDE tel que le Singapour (92% et 98%).


Les performances des élèves de 8ème année, sans surprise, sont également médiocres en sciences, et l’Algérie performe moins que d’autres pays à revenus comparables. Alors qu’à peine 1% des élèves atteignent le niveau II, ce taux est de 4% pour l’Indonésie, 4% pour la Tunisie par exemple. Le taux d’élèves atteignant le niveau III (14%) est le plus bas des pays du benchmark (excepté le Qatar).

Enfin, pour ce qui est des mathématiques, les résultats, pour les élèves de 8ème année, sont encore moins bons qu’en sciences. Alors que seuls 7% des élèves atteignent le niveau III, 21% des élèves tunisiens, 21% des élèves égyptiens, 19% des élèves indonésiens y parviennent.

De faibles performances de l’enseignement supérieur et de la recherche

Le taux de scolarisation dans l’enseignement supérieur n’a pas cessé d’augmenter depuis dix ans, passant de 16,03% en 2001 à 30,76% en 2010. En moyenne, sur la période 2008-2010, Il s’élève à 30,8%. Il est supérieur à ceux des pays du benchmark ayant un PIB par tête inférieur à celui de l’Algérie (Viet Nam, Indonésie, Maroc), similaire à celui de l’Egypte, mais inférieur à la Tunisie (34%). La moyenne des pays du benchmark ayant un PIB entre 10000 $ et 20000 $ est de 54%.

En l’absence de disponibilité d’acquis scolaires des étudiants du supérieur, il y a lieu de choisir les indicateurs qui nous permettent de faire l’état des lieux de l’enseignement supérieur et celui de la recherche.

Dans le classement des 500 meilleures institutions d’enseignement supérieur, élaboré par l’université Jiao Tong de Shanghai ne figure aucune université algérienne.
En 2012, seules les universités de deux pays de la région MENA figuraient parmi les 500 du Jiao Tong/Shanghai ; à savoir l’Arabie Saoudite (3 universités) et l’Egypte (1 université).

Alors que la Chine en inscrit 42, la Corée 10, et Singapour 2, sans parler des 11 de la Suède et des 6 d’Israël. Un des indicateurs de mesure de la qualité de l’enseignement supérieur est le nombre de citations dans des revues scientifiques pour 100 000 habitants. Il mesure la capacité de contribution d’un pays au savoir mondial.

La contribution de l’Algérie, tout comme celle de la région MENA, est extrêmement faible, eu égard à celle de pays de l’OCDE.
Elle est également bien inférieure à celle de la Tunisie, de l’Egypte et de la Malaisie.


Le nombre d’articles dans les journaux scientifiques et techniques est très modeste (606) comparé à l’Egypte (2247) et la Tunisie (1022). A noter que tous ces chiffres sont dérisoires lorsque on les compare avec le nombre d’articles publiés par la Finlande (4949) ou encore la Chine (74019). Le nombre de brevets accordés par l’USTPO est également négligeable. Les données concernant les dépenses en R&D (% PIB) sont celles de 2006 mais selon le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, en 2008 le budget alloué à la R&D a été augmenté, passant à près de 1,2% du PIB. Encore faudra-t-il savoir quels sont les montants qui ont été déboursés et évaluer les résultats des dépenses en termes d’output de la R&D.

Un coût par diplômé très élevé témoignant d’une faible efficacité du système éducatif

Ces faibles performances sont à rapprocher du coût d’un diplômé rapporté au PIB par habitant, qui s’élevait à 594% en 2010. Ceci est à comparer avec un coût de 48% au Mexique, et une moyenne OCDE de 38%.

 

Répartition de la dépense qui ne favorise par les dépenses entrant directement dans l’acte d’enseignement

La faible efficacité du système éducatif de multiples origines, qui seront abordées dans la partie consacrée aux propositions de réformes. Nous nous concentrons ici sur la répartition des ressources, qui s’avère source d’une grande inefficacité. En premier lieu, les ressources ne sont pas allouées en fonction d’indicateurs quelconque de performance. Autrement dit le système ne favorise par une gestion efficace des ressources allouées. En second lieu, l’allocation selon les différents postes de dépenses s’avère non optimale eu égard à un objectif de qualité de l’enseignement. On observe en effet une surpondération des dépenses sociales et de fonctionnement au détriment des dépenses ayant un impact direct sur la qualité de l’enseignement. Ainsi, même si les dépenses de l’Algérie sont comparables, voir supérieures dans certains cycles (comme l’enseignement supérieur), à celles de pays à revenus intermédiaires, ces dépenses se font dans des postes qui n’affectent pas directement la qualité des enseignements et la performance du système éducatif.

Une insuffisante adéquation du système éducatif aux besoins du marché du travail

Il n’existe pas d’étude nationale mesurant l’adéquation du système de formation aux besoins des entreprises. Cependant, nombre d’associations d’entreprises en font état. Comme le montrent les résultats d’une enquête, le taux d’entreprises déplorant un déficit de compétences en Algérie est l’un des plus élevés (37%) parmi un ensemble très large de pays émergents.

Par ailleurs, la part des étudiants dans la CITE 5A est relativement élevée en Algérie, eu égard à ce que l’on observe dans les pays du benchmark. Sur la période 2008-2010, cette part s’élevait à 89,55%, bien plus élevée que la moyenne des pays à revenu par tête comparable (68%). Pour les pays à revenu entre 10000 et 20000 dollars, cette moyenne est de 79%. Enfin pour les pays à revenu élevé, elle s’élevait à 82%. En conséquence, l’Algérie, pour son niveau de développement, a relativement peu d’étudiants dans les filières « appliquées ». Ceci est confirmé par la répartition des étudiants par disciplines.

Les filières des sciences humaines et des sciences sociales drainent la majorité des étudiants. Les filières qui pourraient contribuer davantage au développement économique comptent nettement moins d’étudiants dans les pays de la région MENA que dans les économies à croissance rapide et les pays très développés comme les États-Unis et la Norvège.

Conclusion

L’Algérie a consenti des efforts budgétaires importants dans l’éducation avec notamment pour résultat la généralisation de l’accès à l’école primaire (qui est passé de moins de 85% en 1980 à plus de 97% en 2011). Cette performance cache cependant un système éducatif largement inefficace. En témoignent les taux de redoublement qui ont atteint 11,29% dans le primaire sur la période 2006 – 2009 (contre 5% en moyenne pour le benchmark), et 16% dans le secondaire (contre 8% en moyenne pour le benchmark). L’échec scolaire reste considérable, le taux d’achèvement du premier cycle du secondaire s’élevait à 89,8% sur la période 2006-2009. Il faut ajouter à cela un coût par diplômé prohibitif (plus de 500% du PIB/tête) et une faible qualité de l’enseignement comme en témoignent les performances des jeunes algériens aux TIMSS en 2007.

Par ailleurs, le système éducatif algérien demeure très inégalitaire, avec de fortes disparités régionales (voire entre établissements), ainsi qu’un poids important du milieu social sur la réussite scolaire.
Alors que le chômage des jeunes demeure très élevé, les formations dispensées ne sont pas en adéquation avec les besoins de l’économie et la part des étudiants du supérieur inscrits dans les filières scientifiques et techniques est en chute libre.

Enfin, corollaire de la faible qualité de l’éducation, nos performances dans le domaine de la recherche scientifique (tant fondamentale qu’appliquée) sont également très décevantes. En effet, l’Algérie produit très peu de publications scientifiques et dépose un nombre très limité de brevets (0,01 de brevets accordés par l’USPTO/millier de personnes entre 2005 et 2009).

Au final, le système éducatif algérien s’avère totalement inadapté à la fondation d’une économie de la connaissance.

Diverses réformes ont été menées, notamment dans les années 2000, mais elles ont été faites sans une évaluation précise des carences du système éducatif et sans la construction d’indicateurs de qualité et de performance qui puissent permettre un réel pilotage du système éducatif.
Or, l’instauration d’une culture de l’évaluation s’avère indispensable pour provoquer une réelle rupture et améliorer la qualité de l’éducation que reçoivent les jeunes Algériens.

Synthèse : Bilan à 2012

  • Echec scolaire et taux de redoublement élevés (surtout en début de chaque palier et dans le secondaire)
  • De grandes inégalités sociales, entre établissements, zones géographiques, de genre etc.
  • Une absence totale d’évaluation des acquis, de mesure de la performance et de l’efficacité internes et externes du système d’enseignement, et d’un appareil statistique pouvant informer les politiques publiques dans le secteur.
  • Faible niveau de la recherche tant académique qu’appliquée.
  • Inadaptation du système de formation aux besoins de l’économie
  • Une désertion progressive des filières scientifiques et appliquées.
  • Problème d’organisation du système de formation : centralisation excessive, faibles incitations, articulation entre formation professionnelle et technique et filières généralistes, organisation de l’enseignement professionnel etc.
  • Problématique des langues dans l’enseignement : mauvais enseignement des langues, problème de changement de langue d’enseignement (au primaire lors de l’apprentissage de l’arabe classique ainsi que lors du passage du secondaire vers le supérieur).
  • Une politique d’éducation et une allocation des ressources qui ne reposent pas sur des indicateurs de performances et de qualité.
  • Un système éducatif qui demeure inégalitaire malgré l’importance des dépenses sociales

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